Quand je suis tombée enceinte, il y avait bien une chose sur laquelle je n'avais aucun doute : j'allais allaiter mon bébé, et au moins pendant 2-3 mois.
Pendant mes études d'ingénieur en Alimentation et Santé, j'ai appris tous les bienfaits du lait maternel sur la santé des bébés. En effet, il favorise, entre autre, une bonne immunité. Mon mari et moi étant très allergiques (allergies non alimentaires), je voulais que mon enfant parte avec un avantage, pour lui donner toutes les chances de ne pas avoir lui aussi d'allergies plus tard.
Vers la fin de la grossesse, j'ai commencé à me renseigner sur l'allaitement, avec des livres ou en lisant des articles sur le net. Bon, on va pas se mentir, je ne me suis pas plus penchée sur la question, je lisais en diagonale. Je me disais que ça semblait très simple et que je ferai au feeling.
GROSSE ERREUR!
Au moment de la naissance de ma fille, je voulais la mettre au sein le plus tôt possible. J'avais lu que ce premier contact était très important pour la mise en route de l'allaitement. Seul soucis pour moi : les sages-femmes étaient débordées (j'ai accouché à 7h12 un lundi, soit 45min avant tous les accouchements et césariennes programmés). J'ai donc mis ma fille au sein toute seule, sans aide. Heureusement pour moi, cela s'est très bien passé tout de suite! Ma puce est une championne et a réussi à téter du premier coup (une vraie goulue comme ses parents ^^)!
Mais quelques minutes après, une sage-femme est passée me voir et m'a signalé que ma fille n'était pas très bien placée : la position pour elle était parfaite, mais pas pour moi. Si je la laissais comme ça, j'allais finir par avoir des crevasses! "Des quoi? bha des lésions sur le téton qui peuvent aller jusqu'au sang puis s'infecter". Pour vous faire peur, vous pouvez faire comme moi et aller regarder sur Google Images...
Première désillusion pour moi : on ne peut pas placer son bébé comme on le souhaite. Il faut faire très attention à sa position qui peut, soit l'empêcher de bien déglutir, soit nous abîmer notre poitrine.
Pendant les 2 premiers jours de mon séjour à la maternité, tout se passe plutôt bien! Bébé mange bien, à intervalle régulier et prend du poids (signe qu'elle s'alimente suffisamment). Les sages-femmes me demandent sans arrêt si j'ai ma montée de lait. Et moi je ne sais pas leur répondre! En effet, les 3 premiers jours après l'accouchement, le corps produit du colostrum, un liquide très sucré et plein d'anticorps. Puis il se met à produire du vrai lait. Mais comment identifier la différence entre les deux?!
J'ai eu ma réponse la nuit du 3ème jour. Ce soir là, Zoé m'a réclamé à manger non-stop. Chaque tétée durait 1h-1h30, et elle me réclamait toutes les 30 minutes (juste le temps pour elle de faire une micro-sieste). Une horreur. J'ai passé ma première nuit blanche. Pas un seul instant de répit. Pendant qu'elle faisait ses micro-sieste je devais prendre ma douche, ou aller aux toilettes, ou me faire examiner par les sages-femmes, ou j'essayais de m'endormir en vain... Moi qui était plutôt joyeuse depuis la naissance, je me suis retrouvée plongée en plein "baby blues". Le jour d'après je n'ai même pas réussi à m'occuper de ma fille. C'est son papa qui a du lui prendre son bain, la balader, l'emmener voir le pédiatre. J'ai même du refuser les visites de notre famille ou de nos amis.
Lorsque j'en parle aux sages-femmes, elles me disent que c'est la montée de lait qui a eu lieu! En effet, les bébés demandent à téter beaucoup lorsqu'ils sentent la montée de lait arriver pour la stimuler. Et ensuite ils reprennent un rythme normal.
Mais, BORDEL ! pourquoi personne ne m'en a parlé avant! Si j'avais su, je me serai préparée psychologiquement et physiquement à vivre cette nuit atroce. Je ne me serai pas sentie aussi perdue et seule...
A partir de cette nuit là, j'ai voulu tout arrêter. J'ai remis en question toute cette histoire d'allaitement. Mais les sages-femmes me poussent à continuer, me disent que ça va passer, que c'est juste les hormones et la fatigue qui me font dire ça.
J'aime le lien spécial qui me lie à ma fille quand je la nourris, alors je décide de continuer. Pour elle, pour son bien-être et sa santé.
Au retour à la maison, tout se passe relativement bien. Sauf lors des poussées de croissance. En effet, à plusieurs étapes de sa vie, le bébé allaité a une poussée de croissance qui le pousse à réclamer la tétée très souvent. Un peu comme pendant la montée de lait. Elles arrivent environ vers 1 semaine de vie, 3 semaines, 6 semaines, 3 mois, etc. Pendant ces périodes, bébé est grognon et ne pense qu'à manger. Et me voilà repartie dans des journées et nuits sans sommeil. Avec en plus cette fois, un bébé qui pleure très souvent.
Mon moral est au plus bas... Je ne dors pas, je ne peux pas me reposer car je ne peux passer le relais à personne. Je ne peux même pas confier ma fille à quelqu'un pendant un après-midi car il faut que je sois constamment près d'elle au cas où elle aurait faim. Je ne prend même plus le temps de manger correctement, je n'ai pas le temps de cuisiner. Et pourtant, l'allaitement me donne très très faim. C'est vraiment très énergivore.
C'est au bout de 4 semaines que je décide d'arrêter. Je n'en peux plus. Il faut que je passe le relais. Ma santé est en jeu. Je me renseigne sur "comment sevrer son bébé" mais je ne trouve que très peu d'info. Je commence par remplacer une des tétées par un biberon. Par chance, notre puce n'est pas difficile et accepte directement le biberon! Nous avons acheté des Philips Avent de la gamme Natural, dont la tétine est très proche de la forme d'un téton.
Nous restons à un biberon par jour pendant 2 jours, puis nous avons introduit un 2ème biberon. Et ainsi de suite, jusqu'à l'arrêt complet de l'allaitement. Et oui, je dis bien "nous" cette fois, car le papa peut enfin nourrir lui aussi sa fille! Un vrai plaisir pour lui, et un grand soulagement pour moi.
Enfin tout n'a pas été rose pendant ce sevrage. En effet, je me suis posée beaucoup de question, notamment quand à la question du ressenti, des sentiments de ma fille. Les bébés allaités assimilent leur mère comme un point de repère. On remplace pour eux le biberon, la tétine, le doudou. J'avais peur que ma fille n'arrive pas à se détacher de moi. Peur qu'elle réclame mon sein juste parce qu'elle a besoin de réconfort, et pas parce qu'elle a faim. Il y a par exemple un soir où on avait emmené notre fille à un barbecue chez des amis, qui était très bruyant (musique, rires, etc.). Sur le chemin du retour, épuisée par tout ce qu'elle avait vu, entendu, etc, elle a fait une crise horrible... Rien ne la calmait. La seule solution a été de la mettre au sein. C'est là que j'ai vraiment eu peur qu'on arrive pas à arrêter l'allaitement...
Mais finalement, elle ne m'a plus jamais réclamé le sein lorsque l'allaitement a été totalement arrêter. Maintenant, elle se calme avec une tétine et un petit câlin. Les bébés s'adaptent très bien si tout est fait en douceur.
Autre difficulté du sevrage : l'adaptation de mon corps! Il faut aussi que le sein s'habitue petit à petit à ne plus produire de lait. Hors le mien a eu un peu de mal. Du coup, j'ai eu des engorgements : lait qui stagne dans le sein et forme une sorte de boule très dure et très douloureuse. Et ces engorgements engendrent des symptômes grippaux : courbatures, fièvre, nausées... Une horreur. Ils ont mis plusieurs semaines à s'atténuer.
Aujourd'hui, je ne regrette pas d'avoir allaité Zoé pendant 1 mois et demi. Mais je pense que je ne le referais pas. Tout a été tellement épuisant. Physiquement, moralement. J'aurai aimé avoir plus de soutien. Etre mieux informée par le corps médical, et être plus soutenue quand je leur disais que je voulais arrêter. J'aurai aimer avoir dans mon entourage plus de personnes qui ont eu l'expérience de l'allaitement maternel.
Mais parallèlement, j'ai adoré le lien spécial qui me liait à ma fille. Et aussi le fait que l'allaitement m'a beauuuucoup aidé dans la perte de poids post-partum! ;-)
Et vous, votre expérience de l'allaitement maternel?